Identification du modèle de quartier méditérranéen durable

Invariants dans les architectures de la Méditerranée durable

Structure territoriale et urbanistique des implantations

 

Extrait de :

Alessandra Scarano, Identità e differenze nell’archittettura del Mediterraneo (Identité et différences dans l’architecture de la Méditerranée), Gangemi Editore 2006 Invariants, similitudes et différences dans les architectures et les ouvrages mineurs.

 

Principales typologies agrégatives : la structure topologique comme intégration entre objectifs d’implantation et adaptation à l’orographie du site.

Nœuds routiers fortifiés sur ligne de faîte, colline ou plaine.

- Périmètre externe : de forme elliptique ou semi elliptique

- Structure planimétrique : centralisée ou en treillis

- Système de voirie :

1. À anneaux concentriques, avec des parcours de liaison radiaux ou à orientation aléatoire.

2. En treillis, avec un ou deux parcours principaux disposés selon le diamètre le plus grand de l’ellipse et des parcours secondaires de liaison disposés perpendiculairement aux principaux.

Point d’appui de l’implantation : dans le cas d’un système de nœud routier à anneaux concentriques, il est caractérisé par les fortifications et/ou monastère situé au sommet. Dans le cas d’un système à nœud de voirie en treillis, la tour, le château ou le monastère fortifié se trouve généralement à l’une des extrémités de l’ellipse.

- Typologie de construction en groupe (mono/pluricellulaire) et en ligne; les bâtiments sont disposés en anneaux concentriques rapprochés ou en files quasi parallèles, à l’intérieur du mur d’enceinte, avec des fonctions de lignes défensives.

La forme la plus ancienne d’implantation est certainement celle à caractère défensif qui se développe généralement au sommet des éminences et occupe souvent le site de l’antique acropole : on rencontre souvent ce dispositif dans les environnements insulaires et les meilleurs exemple se trouvent dans les camps fortifiés romains (en latin castra), ou bien dans les anciens noyaux fortifiés francs et vénitiens, sur les îles de la mer Egée.

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Les stratégies à l’égard de l’aspect fonctionnel résolvent les problématiques du projet, à travers une analyse systématique de la distribution des fonctions par rapport aux exigences des différentes typologies d’habitants prévus. Le résultat en est la création de trois noyaux d’implantation entièrement différenciés par typologie et forme, suivant le mouvement orographique. Ils se développent en arbre avec des densités et des hauteurs décroissantes en partant des points focaux sur lesquels les principaux services tertiaires sont concentrés. La distance maximale entre les lieux de résidence et les centres est étudiée sur la base d’une évaluation précise de la propension individuelle aux déplacements piétonniers.

 

Implantations fortifiées à caractère urbain sur ligne de crête, colline isolée ou plaine.

SUR LIGNE DE CRÊTE OU COLLINE ISOLÉE

- Périmètre externe : de forme polygonale, tendant souvent à prendre une forme circulaire.

- Structure planimétrique : centralisée.

- Système de voirie : à anneaux concentriques avec des parcours de liaison radiaux ou d’orientation aléatoire.

- Point d’appui de l’implantation : il est constitué par la place centrale sise au sommet et sur laquelle se trouvent l’église et le noyau fortifié le plus ancien. L’espace public y est localisé, en opposition aux espaces privés des zones résidentielles.

- Typologie de construction en groupe le long du périmètre de la muraille, différentes typologies de construction à l’intérieur de l’implantation, caractère clos de la construction, disposée sur plusieurs cotes suivant l’orographie du terrain.

 

Schéma topologique de l’implantation fortifiée à caractère urbain sur colline ou ligne de crête

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Schéma topologique de l’implantation fortifiée à caractère urbain sur colline, ligne de crête ou plaine

 

Locorotondo, Italie. Vue et planimétrie de l’implantation urbaine. La structure est composée d’anneaux concentriques de groupes de maisons faisant fonction de lignes défensives qui compriment l’espace, formant un fin réseau labyrinthique de parcours de voirie qui se ferment souvent en impasse.

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EN PLAINE

- Périmètre externe : de forme polygonale, tendant souvent à prendre une forme circulaire.

- Structure planimétrique : polycentrée, avec une organisation hiérarchique qui revèle, à un premier niveau de lecture, le système place/parcours principaux et, à un second niveau, les sous-systèmes élargissements de rues/parcours secondaires.

- Système de voirie : à treillis irrégulier avec présence de nombreuses impasses.

- Point d’appui de l’implantation : sur la base du système urbain à deux niveaux hiérarchiques, nous avons la place principale comme point d’appui de l’implantation entière, et les élargissements de rues comme point d’appui des quartiers.

- Typologie de construction : en pseudo groupes, se développant parfois à travers la parcellisation d’habitations avec cour.

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Altamura, Italie. La structure de l’agrégat est radiale centralisée, mais
elle se présente comme un fin maillage de parcours étroits qui
souvent s’élargissent au débouché, créant ainsi la conséquente
structure urbaine de type polycentrique à deux niveaux hiérarchiques
explicités dans le système place principale / élargissements des rues.
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Médina de Tunis, Tunisie. [La médina est caractérisée par un tissu de construction et un système de parcours organisés selon plusieurs niveaux hiérarchiques qui tendent à séparer nettement l’espace public de l’espace privé : à un premier niveau, les espaces de la mosquée et le souk, et à un second niveau, les quartiers résidentiels, « cité à échelle réduite » repliée sur elle-même, avec ses rues étroites et de nombreuses impasses.]

 

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Planimétrie des implantations islamiques en comparaison aux implantations des Pouilles. Le système de voirie est essentiellement en treillis irrégulier, avec des rues étroites et de nombreuses impasses, et un système à deux niveaux hiérarchiques d’espaces ouverts constitué d’un système place principale/édifices publics et d’un sous-système élargissements de rues/quartiers résidentiels.

1. ALGER, 2. COURDOUE, 3. TUNIS, 4. MONASTIR, 5. ALEP,
6. GHARDAÏA, 7. BITONTO, 8. MARTINA FRANCA, 9. GALLIPOLI,
10. BITETTO, 11. ALTAMURA, 12. PUTIGNANO

 

Agglomérations développées en pente autour d’un noyau fortifié

- Périmètre externe : indéfini.

- Structure planimétrique : en grappe, avec des unités individuelles juxtaposées en mode fermé, installées sur plusieurs niveaux de côte suivant l’orographie du terrain.

- Système de voirie : à treillis irrégulier, avec des parcours étroits qui grimpent entre les unités de construction et prennent souvent la forme d’escaliers ou de rampes.

- Point d’appui de l’implantation : l’agglomération ne présente pas de point d’appui, mais le pivot du développement urbain est représenté par le noyau fortifié, autour duquel se distribuent les habitations de l’agglomération.

- Typologie de construction : unités individuelles de deux ou trois étages, essentiellement en terrasse.

 

 

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Schéma topologique et modèle tridimensionnel de la structure des
implantations en pente en « terrasses » développées autour
d’un noyau fortifié
Schéma topologique et modèle tridimensionnel de la structure des implantations sur côte en déclivité. Rien ne le différencie de la solution précédente, si ce n’est le fait que, dans ce cas, le parcours principal est constitué d’une esplanade ouverte entre le rideau des files d’habitations placées au niveau le plus bas
Schéma topologique et modèle tridimensionnel de la structure des
implantations sur côte en déclivité. Rien ne le différencie de la solution
précédente, si ce n’est le fait que, dans ce cas, le parcours principal
est constitué d’une esplanade ouverte entre le rideau des files
d’habitations placées au niveau le plus bas

 

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Commune de Camogli, extrait de : Roberto Merlo, Liguria terra tra cielo e mare (Ligurie, terre entre ciel et mer),1995,Tormena editore
Commune de Camogli, extrait de : Roberto Merlo, Liguria terra tra cielo
e mare (Ligurie, terre entre ciel et mer),1995,Tormena editore
 

Implantation sur côte en déclivité

Schéma topologique : les implantations sur côte en déclivité ne se différencient pas du type de celles qui s’organisent autour d’un noyau fortifié, si ce n’est par le fait que, dans ce cas, le parcours principal est constitué d’une esplanade ouverte entre le rideau des files d’habitations placées au niveau le plus bas
 
Schéma topologique : les implantations sur côte en déclivité ne se
différencient pas du type de celles qui s’organisent autour d’un noyau
fortifié, si ce n’est par le fait que, dans ce cas, le parcours principal est
constitué d’une esplanade ouverte entre le rideau des files
d’habitations placées au niveau le plus bas

- Périmètre externe : indéfini.

- Structure planimétrique : en grappe, avec des unités individuelles juxtaposées en mode fermé, installées sur plusieurs niveaux de côte suivant l’orographie du terrain.

- Système de voirie : parcours principal constitué d’une esplanade de laquelle partent des parcours étroits qui grimpent entre les unités de construction et prennent fréquemment la forme d’escaliers.

- Point d’appui de l’implantation : non présent.

- Typologie de construction : unités individuelles de deux ou trois étages, essentiellement en terrasse.

 

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Implantations à caractère rural en pente ou en plaine

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Schéma topologique de la typologie de structure d’implantation
en pente à caractère rural : EN ARÊTE DE POISSON

 

STRUCTURE PLANIMÉTRIQUE EN ARÊTE DE POISSON

- Périmètre externe : indéfini.

- Structure planimétrique : en épine de poisson, avec des unités individuelles juxtaposées en mode fermé, en file de chaque côté du parcours principal, puis en grappe dans son extension.

- Système de voirie : parcours principal constitué par la voie de liaison entre les différents noyaux d’implantation, duquel partent plusieurs parcours secondaires perpendiculaires, qui séparent les unités d’habitation de chaque côté de la voie principale.

- Point d’appui de l’implantation : non présent

- Typologie de construction : unités individuelles.

 

 

 

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Ligurie, Pieve di Teco, levé urbanistique du centre historique en 1983, extrait de : Giovanni Spalla, L’architettura popolare in Liguria (L’architecture populaire en Ligurie), Laterza, 1985

Ligurie, Pieve di Teco, levé urbanistique du centre historique en 1983,
extrait de : Giovanni Spalla, L’architettura popolare in Liguria
(L’architecture populaire en Ligurie), Laterza, 1985

 

STRUCTURE PLANIMÉTRIQUE EN GRAPPE

- Périmètre externe : indéfini.

- Structure planimétrique : en grappe, avec des unités individuelles justaposées en mode fermé, installées sur différents niveaux de cote suivant l’orographie du terrain.

- Système de voirie : en treillis irrégulier.

- Point d’appui de l’implantation : non présent.

- Typologie d’implantation ; unités individuelles à deux étages ou plus, avec couverture en terrasse ou en pente.

 

Schéma topologique de la typologie de structure d’implantation en pente à caractère rural : EN GRAPPE

Schéma topologique de la typologie de structure d’implantation
en pente à caractère rural : EN GRAPPE

 Bourg rural de Aperanthos, île de Naxos.  C’est le schéma planimétrique le plus commun dans les villages ruraux en pente, dépourvu d’un parcours principal, typique des implantations en terrasses d’une grande partie du bassin méditerranéen.
 
Bourg rural de Aperanthos, île de Naxos.
C’est le schéma planimétrique le plus commun dans les villages
ruraux en pente, dépourvu d’un parcours principal,
typique des implantations en terrasses d’une grande partie
du bassin méditerranéen.
 

   

Caractéristiques fonctionnelles et disposition topologique des environnements

L’habitation comme expression complète de la culture d’un peuple

Typologie d’habitation, fonctions principales et disposition des environnements

Dans l’analyse de l’espace anthropique des lieux de la Méditerranée d’un point de vue architectonique, il a été décidé de focaliser l’attention sur l’habitat[...]. L’unité d’habitation s’impose en effet comme l’élément le plus important, car elle se configure comme la cellule de base[...] du type de système urbain développement/aménagement qui permet l’expansion de l’agglomération sans y perdre la compacité de la forme, qu’elle soit linéaire, à grappe dans une vallée, en terrasse sur le flanc d’un relief...

L’habitat méditerranéen peut être divisé en deux catégories principales, afférentes à deux modèles différents d’organisation sociale et de modalités d’implantation : l’habitat qu’on pourrait qualifier de « regroupé », ou faisant partie d’agglomérations compactes à caractère plus ou moins urbain, et l’habitat éparpillé, relatif aux contextes ruraux […]

La taille du noyau familial et la quantité d’activités qui s’y déroulent, voilà ce qui détermine les dimensions de l’habitation et le degré de spécialisation des environnements. En se basant sur ces paramètres, on peut diviser l’habitat méditerranéen – qu’il soit éparpillé ou relatif à des contextes urbains – en trois groupes : la maison base, la maison compacte, la maison à structure multiple.

 

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Schémas topologiques des trois typologies d’habitations

- La maison base : bâtiment à un seul niveau constitué d’un seul environnement polyfonctionnel.

- La maison compacte : le bâtiment, qui peut être à un ou plusieurs niveaux, propose plusieurs environnements destinés à des fonctions spécifiques.

- La maison à structure multiple : le bâtiment explose en blocs séparés, en se configurant comme un agrégat de plusieurs bâtiments, chacun d’eux destiné à une activité spécifique. Les différents bâtiments peuvent être à plusieurs niveaux.

 

Disposition urbaine en terrasse, Artemonas, Grèce

Disposition urbaine en terrasse, Artemonas, Grèce

Implantations éparpillées à Ano Mera, Grèce

Implantations éparpillées à Ano Mera, Grèce

LA MAISON BASE

« Modèle qui remonte à des temps très anciens, il représente souvent le cœur originel à partir duquel intervient le développement de l’habitat, qui pendre des formes différentes en fonction de la morphologie et du système de construction du noyau initial. La maison base se développe uniquement au rez-de-chaussée et présente typiquement un plan de forme rectangulaire, tandis que la couverture peut être de forme variée, à une ou deux pentes, en voûte ou en terrasse. Les façades ont habituellement peu d’ouvertures », « un trou dans le mur ».

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LA MAISON COMPACTE

« Elle représente certainement le groupe de typologies d’habitat le plus large et englobe une grande partie des typologies des contextes urbains, mais aussi quelques typologies dans les contextes ruraux. La maison compacte fournit des espaces différenciés pour l’habitation et la production et, dans les environnements ruraux, pour le bétail. Elle se développe sur deux ou trois niveaux, en présentant parfois une zone de terrasse sur la couverture. Cette partie est très souvent investie ou utilisée pour l’activité de production, bien qu’il soit fréquent, dans les pays qui connaissent des précipitations plus constantes, de trouver des couvertures à double pente. Le plan des différents niveaux garde la forme quadrangulaire du rez-de-chaussée de la maison base, mais présente une plus grande extension, à l’intérieur de laquelle se définit ine hiérarchies d’espaces destinés à des activités spécifiques. »

Exemple de maison Anokatogo à Kalimnos en Grèce - La maison compacte

Exemple de maison Anokatogo à Kalimnos en Grèce - La maison compacte

 

 

 

 

 

 

 

LA MAISON À STRUCTURE MULTIPLE

« Elle représente le développement le plus complet de la structure d’habitation. On la trouve généralement dans les contextes urbains […] Le bâtiment se compose ainsi de différents blocs, chacun destiné à une activité spécifique, parmi lesquels se distingue souvent, sur le plan formel, le noyau d’habitation. Les blocs peuvent être complètement séparés ou bien juxtaposés, disposés en ligne ou selon une organisation de type radial […] À la différence de la maison compacte, la maison à structure multiple permet l’ajout ultérieur de blocs, dans le cas où il est nécessaire d’augmenter le volume à des fins de production ou pour une diversification ultérieure de l’activité.

Exemple d’habitation à structure : Masseria (Ferme) Menzane nelle Murge, Pouilles
Exemple d’habitation à structure :
Masseria (Ferme) Menzane nelle Murge, Pouilles







 

   

 

PLANIMÉTRIE DE MAISONS COMPACTES MÉDITERRANÉENNES À COMPARER

Schéma topologique de la cellule base
Schéma topologique
de la cellule base
















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Dammuso, Pantelleria
 
Dammuso, Pantelleria

 

Trullo de la vallée d'Itrio
Trullo de la vallée d'Itrio
 
Trullo de la vallée d'Itrio

 

Maison du château de Sifnos, Grèce
Maison du château de Sifnos, Grèce
 
Maison du château de Sifnos, Grèce

 

Caractéristiques et éléments de la construction

Les espaces semi-ouverts comme filtre entre l’intérieur et l’extérieur

La maison méditerranéenne tend souvent à « couler » vers l’extérieur : dans certaines régions, la rue, lieu « masculin » de la socialisation, des échanges et de la communication, opposé à la zone « féminine » du privé domestique, devient une continuation de la maison, grâce à la création d’espaces « filtre » qui atténuent les limites entre intérieur privé et extérieur public.

 

Schémas topologiques des trois solutions de distribution et de développement des environnements :

- Développement à partir du noyau central.

- Développement duplicatif de type linéaire suivant la longueur de l’implantation.

- Développement duplicatif de type linéaire perpendiculaire à la longueur de l’implantation.

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Médina de Tunisie
Médina de Tunisie

 

LE PATIO

La forme généralement carrée est l’héritage clair de l’atrium romain. Cependant, c’est autour d’un espace ouvert que s’étaient déjà organisées les habitations mésopotamiennes, égyptiennes, phéniciennes et étrusques. Le patio illustre une fonction tant pratique que symbolique : il permet d’accomplir des activités de différents genres à découvert, sans être exposé au vent, à la poussière, au soleil [...] ; mais c’est aussi le lieu où le soleil et la terre se mêlent [...].

 

 

LA COUR

Elle présente un caractère moins compact que le patio, puisqu’il ne se configure pas comme le centre de la maison, délimité par les murs du bâtiment même, mais, au contraire, il n’est pas rare qu’il soit placé de façon décentrée par rapport à l’habitation. Même ses fonctions sont différentes, [...], activités de production, d’élevage, avec des rythmes de vie différents et une composition différente de l’espace.

  Sifnos, Grèce, maison avec cour devant la face principale

Sifnos, Grèce, maison avec cour devant la face principale

  Arcos de la Frontera, Espagne, maison avec cour intérieure

Arcos de la Frontera, Espagne, maison avec cour intérieure

   

Toits plats à Pathmos, Grèce

Toits plats à Pathmos, Grèce

  

LA TERRASSE

« Élément morphologiquement méditerranéen, celle-ci peut accueillir des activités de différents types. La terrasse méditerranéenne représente plus qu’une simple couverture pour l’habitation : elle est une pièce à part entière, un espace privé extérieur et un lieu social. Dans l’aire méridionale européenne et maghrébine, [...] là où l’orographie accidentée rend obligatoire le développement des villages en terrasse, elle est utilisée comme lieu de repos et de travail. Au Maghreb, comme dans d’autres région, elle assume une fonction sociale, en se configurant comme une sorte de second système de voirie en hauteur et doté d’une vie propre, puisque séparé de l’espace urbain collectif masculin. »

 

 

 

 

Caractéristiques de la construction

La maçonnerie en pierre comme technique de construction privilégiée : la Méditerranée comme « pays de la pierre ».

« La Méditerranée est le pays de la pierre. L’origine tectonique récente, la force de l’érosion déchaînée de celle-ci, la concentration des pluies qui favorise l’érosion des roches, le long passé d’agriculture et d’élevage qui a dégradé les forêts, laissant partout apparaître cette pierre, soit comme fond montagneux, soit comme élément du sol que les cultures et la végétation n’ont pas réussi à cacher. »

« La nécessité de défricher des portions de terre et de créer des terrassements pour l’activité agricole a fait naître des murs de retenue et de délimitation, car les terrains devaient être déblayés [...]. La pierre représente donc le matériau le plus utilisé pour la construction des habitations méditerranéennes [...].

La pierre pouvait être mise en œuvre à sac ou en utilisant des liants et entre les maisons, la maçonnerie pleine présente une épaisseur notable, qui va d’une moyenne de 50 à 100 cm [...].

La variété de typologies de pierre mise en œuvre avec de la chaux est immense, en relation aux typologies des modules lapidaires et de finition. Dans les zones où on trouve la pierre calcaire ou du grès tendre, les pierres sont généralement dégrossies et façonnées, alors que des pierres calcaires ou des grès plus durs, par exemple les roches de lave comme le basalte, rendent plus difficile la taille ; elles sont donc simplement dégrossies et prennent une forme moins régulière. Dimensions, forme et nature de la pierre trouvent ainsi une considérable variété de tessitures de maçonnerie, qui peuvent aller des dispositions sommairement linéaires à des assemblages de claveaux parfaitement réguliers. »

  Dammusi di Pantelleria, Italie
 
Dammusi di Pantelleria, Italie
Le village de Zagori, Épire, Grèce

Le village de Zagori, Épire, Grèce

 

Mosquée en briques de boue et revêtement à base de chaux et de terre, Tamerza, Tunisie

Mosquée en briques de boue et revêtement à base de chaux
et de terre, Tamerza, Tunisie

 

 

BOUE ET ARGILE : LES MAÇONNERIES DOUCES DU VERSANT MAGHRÉBIN

« Là où il y a pénurie de pierre qu’on puisse travailler, comme en Afrique du Nord et dans certaines régions de la péninsule ibérique, la maçonnerie de pierre est constituée de différentes typologies à base de terre. »

 

 

 

 

MURS DE TERRE PRESSÉE

Dans cette typologie, la terre pressée constitue le matériau portant, le liant et l’enduit de protection externe. Néanmoins, le faible niveau de prestations mécaniques de la boue compactée rend nécessaire l’ajout d’éléments inertes. Toujours dans le souci d’augmenter la stabilité, les murs sont souvent amincis vers le haut [...]. Les habitations sont toujours réalisées sur un lit de roche mère et sur des fondations de pierre ou de briques pour réduire le contact de la terre avec l’eau, ce qui la rendrait dangereusement friable.

 

MURS DE BRIQUES, D’ADOBE OU DE TERRACOTA

Ce sont des maçonneries avec des éléments de dimensions réduites [...]. La faible résistance des briques en adobe, composées de boue et de paille, rend impossible de les utiliser pour des piliers soumis à des pics de charge, à la différence des briques en terracota qui, outre cet aspect, sont plus résistantes à l’humidité et peuvent donc être laissées à vue, sans enduit imperméabilisant, et utilisées pour des éléments plus exposés, comme les entrées et les corniches.

 

 

Safranbolu, bâtiment à structure de bois apparente, Turquie

Safranbolu, bâtiment à structure de bois apparente, Turquie

LE BOIS

« Plus rare que les matériaux lapidaires, il est cependant utilisé dans tout le bassin pour la construction des greniers, couvertures et éléments décoratifs: chêne, châtaignier, pin, cèdre, frêne, olivier.

 

MURS AVEC CHÂSSIS EN BOIS

Les prestations mécaniques des structures en bois avec remplissage en maçonnerie rendent cette technique de construction particulièrement usitée dans les zones à fort risque sismique [...]. L’ouvrage est généralement réalisé sur une base de maçonnerie continue, tandis que le remplissage entre les éléments en bois est réalisé avec des matériaux minéraux, sous forme de conglomérats. »