Cadre Historique - critique, Théorique et méthodologique sur le caractère de durabilité des quartiers en Europe.

Théories et propositions des experts à aujourd'hui sur l'idée et typologie d'éco quartier en Europe

Pour les projets de quartier écologique dans toutes leurs dimensions fonctionnelles, spatiales, infrastructurelles et symboliques, il n’existe encore ni méthodologie, ni théorie globale cohérentes et conséquentes à quoi faire référence dans la période historique actuelle. De ces travaux, nous avons rapporté quelques exemples qui, bien que n’ayant pas de caractère exhaustif, pouvaient nous aider à préciser quelles lignes stratégiques, quels principes et quelles modalités dans la conception des projets pouvaient nous aider à orienter les choix pour un quartier écologique.

  • Expériences menées par des personnalités à forte dimension écologique et participative, comme celle de Lucine Kroll en matière de psychologie et de créativité et de Torben Gade dans le domaine de l’expérimentation pédagogique par rapport à la technologie, l’environnement et la notion de communauté. Ces expériences ont donné des résultats importants, mais circonscrits à des noyaux ou complexes multifonctionnels qui ne constituent pas des quartiers-pôles d’interrelations urbaines.
  • Expériences menées par des fonctionnaires publics et des chercheurs universitaires - qui ont produit un manuel de bonnes pratiques tirées d’exemples éloquents de durabilité (voir fiche « théories des experts sur les éco-quartiers 1 », mais qui restent regroupés par secteurs, avec une séparation du système naturel (sol, eau, végétation) du système humain (mobilité, fonctions, accessibilité, espaces verts, espaces publics, déchets, etc.). Cela fournit un cadre très utile, mais qui demande un effort ultérieur de réélaboration pour connaître les divers facteurs d’excellence dans les différents secteurs. Le fait qu’un quartier soit excellent dans la pratique de l’économie d’eau ou de l’économie d’énergie est à étudier, mais cela ne constitue pas pour nous un modèle normatif susceptible d’aider à la conception d’un projet de quartier écologique comme système global. - S’ils ont étudié des typologies différenciées dans un tissu fortement urbanisé (voir fiche « théories des experts sur les éco-quartiers 2 »), la méthodologie envisagée, qui livre certes des pistes importantes, ne confronte pas avec la même complexité et une vision contemporaine les autres aspects du projet durable, comme l’économie d’énergie en tant que facteur intégrant et constitutif de la typologie de construction écologique
  • Expériences menées par des architectes du territoire qui proposent un axe de configuration linguistique bien précis, en partant de la métaphore de l’énergie solaire pour redessiner la cité de notre temps et choisir des matériaux et des technologies solaires appropriées « comme il en a toujours été des matériaux innovants mis en œuvre en architecture dans toutes les époques ». Il s’agit de penser l’environnement transformé par l’homme sur un mode durable ou « vert » et encore « écologiquement responsable ». Dans cette proposition prospective, on projette presque un traité de la « cité solaire », du bâtiment au territoire, qui requiert une intégration entre la connaissance technologique et une nouvelle culture de l’esthétique urbaine. Pour ces personnalités mêmes, qui proposent la méthodologie de la cité solaire dans la réalisation concrète des nouveaux quartiers qu’ils ont construits, l’écologie représente donc encore un fait marginal dans la structuration urbanistique.
  • Expériences menées par les grands cabinets internationaux Chipperfield, Gregotti, etc., qui ont eu l’opportunité d’expérimenter la construction de cités satellites ou de nouveaux quartiers en Chine ou en Arabie Saoudite. Elle ne représentent, pour Med écoquartiers, qu’une indication de tendance qui, à notre avis pourtant, doit être prise en grande considération, compte tenu  des très diverses conditions culturelles, socioéconomiques et paysagères des différentes identités européenne

On peut retenir des exemples rapportés ci-dessus des indications certainement utiles pour la définition prospective du quartier écologique. Il s’agit, d’une certaine façon, d’expériences encore divergentes entre elles et non synthétisées par une méthodologie commune et généralisable, mais desquelles on peut tirer des lignes de tendance aptes à devenir les éléments fondamentaux d’une théorie qui intégrerait le rapport entre genius loci, culture locale, nouvelles technologies et méthodologie de projet de la cité écologique.

 

KROLL

Il n’existe pas de forme architectonique qui respecte par elle-même les règles de l’écologie. Quant à l’écologie, ce n’est pas une nouvelle mode éphémère, mais un art de vivre, une logique, une politique, une morale, une équité, etc. Curieusement, quand ces gestes auront indiqué l’essentiel de la structure (qui sera certainement ouverte), l’architecte pourra se démontrer son style très personnel, et même génial. Avant d’être une liste « vertueuse » de caractéristiques environnementales, l’écologie exige une disposition philosophique, civique dans la confrontation au progrès. L’économie seule ne suffit pas à justifier de tels engagements. L’écologie est sociale, psychologique et physique.

PAYSAGE :

la première forme de l’écologie consiste à s’adapter non seulement aux habitants, mais aussi au quartier, aux reliefs, à l’orientation, au soleil, à la lumière, à la pluie, au voisinage. C’est quelque chose de plus que de prévoir, dans les zones possibles d’extension, une bonne compacité des planimétries et des volumes : il faut imaginer quelle forme déterminera les trajets les plus courts entre les points principaux. Il faut ensuite caractériser les entités identifiables, les rendre compatibles dans la plus grande diversité et, enfin, configurer leurs espaces intérieurs.

PSYCHOLOGIE :

L’architecture ne peut trouver sa propre justification que dans le comportement de ceux qui l’utilisent : comment vivront les espaces ainsi définis ?

IMAGE :

… Parions sur une complexité des espaces et d’articulations, et sur le refus de la répétition d’éléments standardisés. Nos modèles sont formés d’agrégations spontanées d’éléments habités : ceux-ci expriment bien mieux la vie intérieure et les espaces que les ordonnancements autoritaires et la discipline technique.

 

TORBEN GADE

En matière d’écologie, on parle et on discute beaucoup, mais les sujets traités restent souvent généraux… Sur le plan didactique, la possibilité de se confronter aux phénomènes concrets constitue une stratégie d’une incidence très particulière dans la transmission des notions, mais surtout comme facteur éducatif, et encore plus si l’expérience n’est pas conduite in vitro, c’est-à-dire si elle n’est pas étrangère à ces facteurs climatiques, économiques, sociaux, etc., présents dans la réalité. Ainsi, c’est une partie de la ville qui devient sa propre expérience quotidienne, et se montre comme elle est.

À Kolding, au Danemark, on a réalisé un lieu important de formation, un laboratoire d’écologie à taille réelle, c’est-à-dire à l’échelle 1/1 dans lequel les enfants, les jeunes et les adultes peuvent observer, dans le centre de la ville elle-même et d’une façon tangible, l’importance de l’écologie… ce qui met en évidence à quel point l’écologie constitue une part fondamentale de notre vie quotidienne. L’un des objectifs les plus importants de la rénovation urbaine durable adoptée dans la bourgade de Kolding est finalement de servir d’exemple, de lieu d’expérimentation et de catalyseur pour la fondation d’une nouvelle écologie urbaine. L’intention politique des structures administratives et les entités sociales impliquées était de réaliser de créer une zone qui pourrait être étudiée sans qu’on doive s’éloigner du quartier.

Le projet global cherche à confronter les aspects de la rénovation urbaine avec ceux d’un nouveau concept capable de faire participer les acteurs à tous les sujets concernés, de l’énergie aux déchets en passant par l’eau, la flore, la faune, les matéiaux de construction non polluants, etc.