Spécificité du modèle méditerranéen : évaluation de l'identité et de la structure urbaine

Pour déterminer les spécificités urbanistiques des cultures de la Méditerranée, nous avons pensé indispensable d'étudier auparavant l'évolution historique du modèle des villes méditerranéennes depuis les origines jusqu’à nos jours, en tentant de localiser dans les cultures grecque, romaine et dans la tradition populaire, où se trouvait la matrice du caractère complexe, mais aussi contradictoire, de la culture méditerranéenne (voir fiches Partie 4_B. )

Nous avons commencé l'analyse de l’origine de la ville méditerranéenne par les villages néolithiques du Proche-Orient, comme Çatal Aiuk, caractérisés par une surprenante compacité du dispositif de bâtiment avec haut niveau d'interdépendance sociale, mais également les implantations serrées de l'archipel sicilien des Egadi, comme sur l’île de Marettimo, la civilisation et culture grecque ( la source la plus directe de notre origine) et la culture romaine, qui est certainement la meilleure expression de la culture méditerranéenne.

Avec la disparition de la ville romaine antique, les spécificités identitaires méditerranéennes se perdent en mille embranchements, le caractère unitaire géographique se désagrège, les spécificités régionales s’imposent dans une diversification locale forte. Les implantations de la tradition populaire maintiennent, dans toutes les zones de l’aire méditerranéenne, un caractère unitaire de base, urbanistique et paysager Ce fait est particulièrement notable dans l’articulation territoriale qui a caractérisé le paysage méditerranéen européen.

Pour corroborer cette assertion, nous avons considéré les cas exemplaires de villes côtières comme Tunis, Gênes, Venise, Marseille et la myriades de villages sur les deux rives de la Méditerranée. Ces implantations nous enseignent que, dans l'histoire des cultures méditerranéennes, les peuples ont su mobiliser les techniques durables pour l’utilisation des ressources naturelles, eau, air, sol et sous-sol.

L'analyse typologique des cas étudiés d’implantations populaires, dans la partie 4C : « Invariants, similitudes et différences dans les architectures et les ouvrages mineurs » met en évidence l'invariabilité des éléments qui caractérisent la ville méditerranéenne européenne dans les trois déclinaisons gréco-romaine, islamique et moyen-orientale.

Concrètement, les éléments auxquels nous avons fait référence dans les articulations locales sont les typologies de bâtiments agrégés le long des voies et des rues, concentrées sur lignes de faîte, fond de vallées ou au bord de la côte. On peut localiser les invariants typologiques suivants : rues avec escaliers extérieurs, cours intérieures, voies et places en harmonie ou rupture avec le paysage rural ou maritime.